Observations et autres notes anciennes 1947 – 1962

Written in French by Philippe Jaccottet

| A specimen of Babel: Stories on the loss of the earth’s one speech and the confusion of languages

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Ces premières « observations » sont des notes, avec tout ce que le mot suppose d’hésitant et d’altérable, en vue d’une étude sur la Métamorphose poétique. Un Sage d’Orient, dont le nom m’échappe, prétendait qu’à force de sentir sous ses doigts, le front dans la main, sa future tête de mort, il n’avait pu faire que ses pensées ne prennent une couleur particulière, et comme une perpétuelle incertitude.

Assis à ma table, parmi les objets familiers sauvés de la chambre d’enfant ou d’une foire, dans telle ville étrangère où l’on fut heureux, cependant qu’à la fenêtre, elle aussi bien connue, se tiennent les arbres secs de l’hiver (et déjà, si on sortait, on sentirait dans l’air encore froid cette petite odeur de fumée rabattue des jardins où la neige est moins blanche) ; ayant peu vécu encore, et souvent maladroitement, faible à l’extrême, sans défense contre le tourbillon à l’infini, autour de ce prétendu refuge, de millions d’événements obscurs, toutes les vies des autres, celles que je connais bien, celles que j’ai frôlées et jamais oubliées, celles que j’imagine, toutes pareilles aux grains de poussière en proie au mouvement brownien, j’essaie de tenir tête. De même, quand on se réveille brusquement à la fin de la nuit, dans un silence pas ordinaire et une paix apparente (pourtant, à la même minute, tel voit couler son sang sur une litière improvisée, tel découvre un bras de femme en travers de son corps), il est rare qu’on se sente tranquille : mauvaise heure pour les vieillards. Elle passe cependant, quand la première cloche de nos villes sonne de porte en porte, agitée par le laitier encore seul à habiter les rues, puis l’aigre carillon des réveils au chevet des employés. Une espèce de rituel préside donc à nos vies, mais ce n’est plus la prière au soleil du matin ou au dieu qui brille vaguement dans l’église froide : c’est une organisation plutôt qu’un ordre, et qui semble n’avoir aucun sens en dehors de sa nécessité. Les journaux sont déposés dans les boîtes et lus à la hâte ; et les « superstitions » des peuplades primitives, ces rites obscènes ou sanglants dont sourient les hommes de progrès, paraissent raisonnables à côté des articles que nous y lisons alors : je ne parle pas seulement de Samedi Soir, mais d’hebdomadaires pour bien-pensants comme le Figaro dit « littéraire ». Un exemple ? Lisez, en date du 9 septembre 1950, l’article qu’un « spécialiste éminent » consacre aux Armes de la guerre future ; l’allégresse du style mérite d’être citée en exemple :

« … Les vitesses allant toujours grandissant, l’homme devra abandonner la lutte active. Alors apparaîtra une forme absolument nouvelle de la guerre : la bataille des robots. Tout progrès amenant une parade, les engins téléguidés navigueront plus haut, mais les intercepteurs sans pilote, téléguidés, monteront, à mille deux cents mètres/seconde, petits, légers, faciles à construire et peu coûteux (le statoréacteur n’est pas autre chose qu’un tuyau de poêle) … »

Tel est le Notre Père que nous récitons tous les jours depuis plus de dix ans, derrière notre rideau d’arbres et d’objets familiers. Pourtant, assis à cette table, sachant bien l’inutilité de toute parole, de toute poésie, et leur caractère dérisoire en face de ces abstractions monstrueuses qui coûtent des litres de sang, je ne peux pas ne pas m’accrocher à des choses ; non pas même à des certitudes, mais à deux ou trois signes qui m’ont été faits, et dont je sens qu’ils sont de nature à résister, peut-être, à l’épouvante : signes donnés par des gens vivants, qu’on pourrait nommer de beaux noms familiers, par des choses vivantes, mais aussi par des poèmes, ou une œuvre musicale. Ainsi, je ne veux séparer l’expérience poétique ni de ces arbres à ma fenêtre prêts à redevenir vivants, ni de ces heures d’avant l’aube où passent les fantômes des femmes répudiées, ni des journaux, ni d’aucune chose vécue ou seulement rêvée. Certes, il est difficile de parler de ces appels sans les faire taire ; mais peut-être faut-il, pour se sentir moins démuni, leur prêter au moins toute l’attention dont on est capable. Peut-être n’est-il pas tout à faire dérisoire, bien que toutes les apparences soient contre eux, que des hommes continuent à se pencher aujourd’hui sur une page blanche, ou sur celles que les autres, depuis des millénaires, ont couvertes de signes ; non pas « comme si de rien n’était », mais en toute lucidité.

Nous serions tentés aujourd’hui de nous hâter, comme nous nous sommes hâtés, jadis, sur nos devoirs d’examens, sur de trop difficiles problèmes d’algèbre, quand midi approchait. Mais il faut aussi résister à cette hâte, puisque maintenant nous n’avons pas de but immédiat, que ce n’est pas la solution du problème qui compte, mais la manière dont nous entreprenons sa résolution.

Le rituel des civilisations primitives : à creuser. De Goudea, gouverneur de Lagash (actuellement Tello, en Mésopotamie) en 2400 avant J.-C., lorsqu’il édifia un temple au dieu de la ville, il est dit, sur un cylindre d’argile de l’époque, que « … comme un jeune homme qui nouvellement construit une maison, devant lui il ne laissa entrer aucun plaisir ; comme une vache qui tourne les yeux vers son veau, vers le temple tout son amour il porta ».

Ma curiosité pour la civilisation mésopotamienne, dont je n’avais jamais connu que la période tardive, réduite d’ailleurs à quelques souvenirs de collège : les Jardins suspendus, Sardanapale et Nabuchodonosor, s’est éveillée au Louvre, très précisément dans la salle V des Antiquités orientales. Il y avait là, dans la vitrine centrale, une feuille d’or, de la grandeur d’une page de carnet, couverte de signes cunéiformes commémorant la fondation, par Sargon II, du palais de Khorsabad ; objet qui, comme à l’improviste, me toucha. Aussitôt après, comme l’eau contenue par une digue se précipite dès la moindre brèche ouverte, d’autres objets, plus étonnants, affluèrent : les vases de Suse, du IVe millénaire avant J.-C., vaisselle des souverains morts, les pierres de fondation avec leur dépôt de colliers, d’inscriptions, de feuilles de peuplier en or, les stèles de victoire, les statues de diorite noire de Goudea, les curieux sceaux qui servaient de signature aux marchands… Mais c’est bien cette petite page de carnet qui avait permis, en m’émouvant, leur afflux. Peut-être, d’ailleurs, ne devrait-on se pencher que sur ce qui vous a d’abord ému, même, ou surtout quand on ne peut pas se l’expliquer tout de suite.

J’aimais ces objets parce que je les sentais m’exalter. Et si j’essaie aujourd’hui de m’expliquer ce choc devant la page de carnet, je pense que j’avais peut-être alors dans la tête, dans un recoin de la tête, sans m’en douter, une phrase de la Saison en enfer où Rimbaud fait allusion à des « feuilles d’or » (« une jeunesse à écrire sur des feuilles d’or », je crois) ; ensuite, qu’elle me rappelait comment ces beaux travaux de l’homme, ces palais, ces temples, ces canaux, finalement s’effritent, s’enlisent et deviennent objets de voirie (et là où l’on nous montrait Babylone ruinée et livrée aux chacals, selon la parole de Jérémie, je voyais aussi bien le Louvre lui-même, et Paris à son tour fournissant des ruines aux archéologues futurs) ; enfin, je crois que ce qui me touchait par-dessus tout, c’est que je n’avais pas devant moi des œuvres d’art (au sens où la Vénus de Milo, au contraire, en est une), mais des objets sacrés.

On sait par exemple que, si Goudea, gouverneur de Lagash, fit placer dans les temples de ces statues noires à son image, ce n’était pas du tout pour « embellir » le temple, fût-ce en l’honneur du dieu, mais pour y être toujours présent ; et, de peur que sa présence ne fût pas réelle, il faisait graver, entre autres choses, son nom sur la statue, pensant, comme tous ses contemporains, qu’il suffisait de nommer un objet pour lui donner la vie. Il ne s’agissait pas pour le sculpteur que ces statues fussent belles ; et c’est peut-être pourquoi elles le sont.

Le grand poème babylonien de la Création, Enuma elishLorsqu’en haut le ciel n’était pas nommé, et que la terre n’avait pas de nom… »), fut, de tout temps, un des éléments essentiels de la liturgie du Nouvel An. Les fêtes du Nouvel An, si importantes dans la vie de l’État que leur célébration est consignée dans les annales les plus succinctes à côté des victoires et des constructions royales, duraient douze jours. Or, au soir du quatrième jour, le grand-prêtre récitait le poème de la Création en entier, main levée, devant la statue du dieu. (Thureau-Dangin, Rituels accadiens, 1905.)

Fragment d’un rituel, mais sumérien, pour ces mêmes fêtes du Nouvel An à Uruk (résumé, en réalité, renvoyant au rituel détaillé auquel il est fait allusion au dernier vers. Je préfère le donner sans aucun commentaire, malgré les mots non traduits. Thureau-Dangin, ibidem) :

« 7e jour : réveil du temple par les kalû et les chantres ; les boulangers, pains et chants de joie ;
« les viandes rôties, chair de bœuf et mouton kalû d’offrande régulière ; l’ensemble des bières de première qualité,
« avec le ʺvin presséʺ et le lait ; les dattes, le mélange fermenté de bonne qualité et le mélange fermenté labkû ;
« les tirnât, jarres et récipients ; l’entrée (?) de Pap-sukkal et Guskin-azagbanda
« dans le sanctuaire ; les vêtures d’Anu et Antu et la vêture d’Ishtar ;
« la mise en place du bœuf entre les toiles ; les chants des chantres et des kalû ;
« les guqqanû qui suivent la vêture et l’offrande de fleurs de farine ; la purification du temple ;
« la procession par les rues et en barques et le (temple d’) akitû ; les apprêts et l’enlèvement
« des repas du matin et du soir comme au 7e jour du mois de Nisan, idem. »

Encore le rituel de l’akitû, ou fête du Nouvel An, à Babylone de nouveau : le cinquième jour du mois, deux heures après l’aube, le grand-prêtre doit faire procéder à la purification du temple ; lui-même ne peut y assister, et en charge un « incantateur » qui asperge le temple des eaux du Tigre et de l’Euphrate, fait retentir le gong d’airain dans la cour, apporter brûle-parfums et torches. D’un mouton auquel un « porte-glaive » a tranché la tête, on frotte les murs du temple. Puis le cadavre est jeté dans le fleuve. Incantateur et porte-glaive, leur rôle terminé, doivent se retirer dans la campagne du 5 au 12, date de la fin des fêtes.

Goudea : Cylindres A et B, relatant les circonstances de l’érection du temple de Ninguirsou (XXIIIe siècle avant J.-C.) :

« … de nouveau au temple, de jour, il alla, de nuit, il alla ; il combla les crevasses ; il écarta les procès ; les envois de salive, du chemin il les enleva…
« … il arracha les épines ; il enleva les ronces…
« Pendant le jour, des prières eurent lieu ; pendant la nuit, des oraisons brillèrent…
« Au jour où le Roi entra dans le temple, durant sept jours, la servante rivalisa avec sa maîtresse, le serviteur et le maître allèrent de pair ; dans sa ville, le puissant et l’humble couchèrent côte à côte ; sur la langue mauvaise les paroles (mauvaises) furent changées en (bonnes)… » (Thureau-Dangin, Les Inscriptions de Sumer et d’Akkad.)

Hésiode : Les Travaux et les jours (VIIIe siècle avant J.-C.) :

« Au lever des Pléiades, filles d’Atlas, commencez la moisson, les semailles à leur coucher. – Elles restent, on le sait, quarante nuits et quarante jours invisibles ; mais, l’année poursuivant sa course, elles se mettent à reparaître quand on aiguise le fer. (v. 383-7.)
« Enfin, quand auront plongé les Pléiades, les Hyades et la Force d’Orion, souviens-toi des semailles, dont voici la saison. Et que le grain sous le sol suive son destin ! (v. 615-7.)
« Le huitième jour du mois, châtrez le porc et le taureau mugissant ; le douzième, les mulets patients… Le quatrième jour, commencez à construire de sveltes navires. (v. 790-1 et v. 809.) » (Trad. P. Mazon, Éd. Budé, 1947.)

Là un prêtre relate les circonstances de l’érection et de la dédicace d’un temple ; ici un poète donne à son frère quelques conseils pratiques ou moraux. Rapport d’un gouverneur sur ses activités, gravé sur un cylindre d’argile ; almanach égrenant ses sentences, ses dictons. Dans les uns et les autres fragments, il est question d’activités très ordinaires : crachats à nettoyer dans les rues, mauvaise herbe à arracher ; grain à semer, bêtes à soigner, barques de pêcheurs ou de marchands à construire, à mettre à l’eau. L’homme sue dans les échafaudages d’un temple ou au milieu de ses champs : choses pesantes, travaux monotones, opaques. Pourtant, c’est ici comme s’ils devenaient, dans les mots, transparents, et au travers on voit briller la Nécessité. Les choses les plus simples, même sales, même lourdes, ne sont pas seulement des obstacles ; une foi les allège, les aide, et les paroles rétablissent la communication entre la lourdeur et l’exaltation, la caducité et la durée. C’est sans doute pourquoi nous touchent ces espèces de liturgies, si vieilles, si étranges. Aujourd’hui les choses nous enferment, les travaux nous bouchent la vue. Il semble que rien ne puisse ôter leur opacité à ces murs noirs. Dans la poésie de ces époques matinales, les choses sont à la fois très réelles et très légères ; aujourd’hui elles sont pesantes et pourtant sans aucune réalité.

Les bêtes, qu’on connaît bien, qu’on flatte ou qu’on fouette, signifient-elles aussi. Dionysos et le Christ sont l’agneau sacrifié ; et le mort, initié à l’orphisme, portait parfois attachée à son cou une lamelle d’or où, pour pouvoir être admis à la vie éternelle, il rappelait son origine divine et se comparait à un chevreau tombé dans le lait (lamelle d’or trouvée dans un tombeau à Thurii, Grande Grèce). Le serpent est lié aux dieux souterrains chez les Sumériens comme dans la tradition orphique ; c’est un serpent qui défend la plante de la vie éternelle contre le désir du héros babylonien Gilgamesh, un serpent qui fit Ève mortelle. Mais ils reviennent dans nos rêves ; j’en ai vu grouiller dans une cuve, au milieu d’une chambre où s’affrontaient la tendresse et la peur ; j’en ai vu un se transformer en bâton comme dans la main de Moïse, au pied d’un escalier humide.

Toutefois, je crains qu’il ne soit faux de croire qu’on rendrait à la poésie sa force native en imitant, en poursuivant seulement ce sens naturel du sacré qui nourrit toute poésie dite primitive. Ainsi les sculpteurs qui fabriquent des dolmens ou des miroirs chinois, les poètes qui divinisent le soleil, les rivières, les taureaux…

Quand l’âme est bonne pour la voirie, mais qu’il lui reste encore juste assez de force pour le savoir, le monde se réduit pour elle à un fatras de vieilleries, à une immobile dégringolade de masques, d’ossements et de rognures. Elle- même croule. La tête tombe sur la table, le corps se recroqueville ou se démantibule. Les yeux se ternissent, les mains tremblent. Les objets avec lesquels ils sont encore en contact forcé, objets de tous les jours, perdant leur réalité, se confondent peu à peu avec ces fausses bouteilles, ces faux fruits qu’on expose dans les vitrines en temps de pénurie. La seule réalité visible est cette débâcle immobile et sempiternelle de tout, la seule réalité intérieure une confuse envie de pleurer qui ne se calme pas, les larmes même ayant été retirées à l’âme comme un attribut trop limpide.

On peut alors se jeter dans toutes sortes d’activités forcenées, de même qu’un invité, dans une soirée, s’agite et se dépense pour se persuader qu’il s’amuse. Mais si l’on attendait en ne parlant pas, il semble qu’une espèce d’ordre pourrait se faire, un mouvement ascendant, même très imperceptible, se substituer à la chute. Ainsi, dans une tranquillité tremblante, dans le silence ou plus exactement dans un espace où les bruits s’éloignent et s’étagent, comme lorsqu’on sort d’une ville et atteint les premières forêts, dans cet espace pareil à une maison, quelque chose pourrait se passer peut-être, s’entrouvrir, s’éclairer.

Le vingt-huit novembre au matin, comme je passais le pont du Carrousel, une brume sans aucun poids ni moiteur (le ciel au zénith étant clair) enveloppait encore la Seine, le Louvre, la passerelle des Arts et du moins la base de l’Île. Ni la Tour Saint-Jacques, ni le City-Hôtel, ni le Vert-Galant n’existaient plus qu’une âme endormie. Un soleil parfaitement rouge apparut dans leur rêve et roula, par-dessus les toits du Louvre, jusque sur le jardin qu’ils encadrent.

De ces années de destruction, peut-être finira-t-on par retirer au moins une espèce de savoir, après qu’elles auront anéanti quelques très solides illusions. Celui qui se croyait tout-puissant s’apercevra qu’il dormait sur le fil du rasoir : qu’il ne se retourne pas en rêve, ou ses draps seront vite empoissés et rouges ; celui qui admirait, marchant dans une ville, la fermeté de ses assises et la vieillesse de ses énormes monuments comprendra que les plus lourdes pierres, entassées les unes sur les autres selon des lois qui paraissaient très fortes, ne furent en définitive que des coalitions de poussières ; enfin, tout ce dont la valeur se calcule en chiffres apparaîtra menacé par d’autres valeurs, d’autres puissances chiffrables. Ainsi avons-nous parfois le sentiment, alors même que nous longeons le trottoir de tous les jours et que le métro, les magasins, les bureaux et les feux rouges fonctionnent encore normalement, de traverser des ruines ; et le brouillard d’hiver, effaçant, confondant ou déformant les belles apparences des rues, semble, alors qu’il n’est qu’un voile, dire la vérité : à savoir que l’âme ne possède rien de saisissable.

De même la poésie, qui profite du simple rougeoiement d’une lampe derrière une verrière pour imaginer, dans une cour sordide, une salle de théâtre obscure et chamarrée où se préparent les acteurs nocturnes, la poésie qui exploite des images souvent facilement découvertes et sans réalité aux yeux de beaucoup, semble poursuivre finalement une réalité plus grande : car, négligeant les apparences saisissables ou s’en jouant, elle poursuit leurs insaisissables rapports : du monde, comparable à un matériel d’orchestre qu’on peut feuilleter et aussi bien détruire, et à des instruments qui brillent et prennent de la place, elle ne poursuit que la musique même, celle qui n’a ni poids, ni volume, ni apparence.

Dans un siècle où le monde n’avait pas encore suffisamment prouvé la fragilité de ses formes, où les saisons avaient l’air de se suivre, Keats pouvait écrire son « Ode à l’Automne » et tirer d’un moment de l’année auquel il se sentait plus attaché (puisque lui-même allait s’éteindre), une sorte de chant soutenu et une musique habitable ; et cependant, déjà (si la belle traduction de Pierre-Louis Matthey ne me trompe pas), ce n’est plus une œuvre fermée ; elle s’achève en soupirs, elle se perd dans un envol d’hirondelles… Mais aujourd’hui, quel poète pourrait écrire une « ode à l’Automne » sans risquer d’échafauder artificiellement une demeure solide, alors qu’il n’y a plus de réel que la lézarde et les gravats ? C’est dans les décombres de la vie quotidienne que l’on poursuit malgré tout le scintillement du monde indestructible, comme les enfants cherchent des tessons de verre dans les amoncellements d’ordures.

On rencontre fréquemment, dans les inscriptions et les textes égyptiens, l’épithète « juste de voix » accolée au nom d’un défunt ; elle signifie que ses déclarations ont été reconnues exactes devant le tribunal de l’autre monde. Cette épithète a en grec un équivalent exact : Eumolpos. Mais qui était Eumolpos ? Le premier hiérophante, le premier prêtre des mystères, l’ancêtre de la famille sacerdotale des Eumolpides. En effet, « quiconque n’a pas une voix intelligible » doit renoncer définitivement à l’espoir d’être prêtre : les paroles sacrées, mal récitées, perdraient de leur efficacité. Tout ce qui est dit dans les mystères, qui sont initiation de l’âme à la mort, le doit être d’une voix juste.

Le Thibet, comme l’Égypte, a son « Livre des Morts », le Bardo-Thödol. L’âme du défunt, dans l’espace intermédiaire entre vie et mort appelé Bardo, est guidée par les indications du livre comme une sorte de voyageur. Or, le texte lui-même insiste sur le fait que l’officiant doit lire « d’une voix intelligible et avec l’intonation exacte » : les paroles nécessaires à la libération de l’âme y entrent « par le chemin de l’oreille », et il est essentiel que le défunt y soit très attentif. Comme le dit un autre texte thibétain, Le Mystère de la fleur d’or : « Si la poule peut faire éclore ses œufs, c’est que son cœur est toujours aux écoutes. » Tant d’attention portée à la parole, à la voix, au ton, dans des circonstances aussi graves, a de quoi faire réfléchir…

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The myth of Babel tells of the loss of the earth’s one language and one speech, and the confusion of languages. Suddenly every object and every idea assumed a plurality of names, and the oversized tower, symbol of human imagination and hubris, was abandoned within the shadow foreboding its destruction. With an unprecedented series of correlated texts, Specimen explores these magnificent ruins, hearing echoes of the multiplicity of languages and the birth of translation. This collection includes texts about Babel, translation or language, and special translations. In September 2021, 20 years after 9/11, the Babel festival will focus on the multiplication of languages and the present diaspora from the regions of ancient Babylon – the scattering of the children of men over the face of all the earth. >> www.babelfestival.com

Published July 26, 2021
©Gallimard, 1998

Osservazioni e altre note antiche 1947-1962

Written in French by Philippe Jaccottet

| A specimen of Babel: Stories on the loss of the earth’s one speech and the confusion of languages


Translated into Italian by Cristian Rossatti

Queste osservazioni sono delle note, con tutto ciò di esitante e mutevole che la parola presuppone, in vista di uno studio sulla Metamorfosi poetica. Un Saggio d’Oriente, il cui nome mi sfugge, sosteneva che a forza di sentire sotto le sue dita, con la fronte nella mano, la sua futura testa di morto, non era riuscito a impedire che i suoi pensieri si tingessero di un colore particolare, e come d’una perpetua incertezza.

Seduto al mio tavolo, tra gli oggetti familiari salvati dalla cameretta o da una fiera nella tale città straniera in cui fummo felici, mentre alla finestra, anch’essa ben nota, stanno gli alberi secchi dell’inverno (e di già, se uscissimo, sentiremmo nell’aria ancora fredda quel lieve odore di fumo sospinto dai giardini dove la neve è meno bianca); avendo vissuto ancora poco, e spesso maldestramente, debole all’estremo, senza difesa contro il vortice infinito, intorno a questo presunto rifugio, di milioni di eventi oscuri, tutte le vite di altri, quelle che conosco bene, quelle sfiorate e mai dimenticate, quelle che immagino, tutte come granelli di polvere in preda al moto browniano – cerco di resistere. Allo stesso modo, quando ci si sveglia improvvisamente alla fine della notte, in un silenzio insolito e una pace apparente (eppure, nello stesso istante, uno vede colare il suo sangue su una lettiga improvvisata, un altro scopre il braccio di una donna sul suo corpo), è raro sentirsi tranquilli: pessima ora per i vegliardi. Passa, comunque, quando la prima campana delle nostre città suona di porta in porta, scossa dal lattaio ancora solo per le strade, e poi l’amaro rintocco delle sveglie al capezzale degli impiegati. Una specie di rituale, dunque, presiede alle nostre vite, ma non è più la preghiera al sole del mattino o al dio che brilla vagamente nella chiesa fredda: è un’organizzazione piuttosto che un ordine, e sembra non avere alcun senso al di fuori della sua necessità. I giornali vengono messi nelle cassette e letti frettolosamente; e le “superstizioni” dei popoli primitivi, i riti osceni e sanguinari di cui sorridono gli uomini del progresso, sembrano ragionevoli accanto agli articoli che leggiamo noi: non parlo solo del Samedi Soir, ma dei settimanali per benpensanti come il Figaro cosiddetto “letterario”. Un esempio? Leggete, in data 9 settembre 1950, l’articolo che un “eminente specialista” dedica alle Armi della guerra futura; l’allegria dello stile merita di essere riportata come esempio:

«… Con le velocità in continuo aumento, l’uomo dovrà abbandonare la lotta attiva. Apparirà allora una forma di guerra assolutamente nuova: la battaglia dei robot. Ogni progresso porta una parata, le macchine telecomandate navigheranno più in alto, ma gli intercettori senza pilota, telecomandati, saliranno a milleduecento metri/secondo, piccoli, leggeri, facili da costruire e poco costosi (lo statoreattore non è altro che un tubo da stufa)…»

È questo il Padre Nostro che recitiamo ogni giorno da più di dieci anni, dietro la nostra cortina di alberi e di oggetti familiari. Eppure, seduto a questo tavolo, conoscendo bene l’inutilità di ogni parola, di ogni poesia, e la loro natura irrisoria di fronte a queste astrazioni mostruose che costano litri di sangue, non posso non aggrapparmi alle cose: nemmeno a delle certezze, ma a due o tre segni che mi sono stati fatti, e che sento essere di natura tale da resistere, forse, allo spavento: segni dati da persone vive, che si potrebbero nominare con bei nomi familiari, da cose vive, ma anche da poesie, o un’opera musicale. Così, non voglio separare l’esperienza poetica né dagli alberi alla mia finestra pronti a ridiventare vivi, né da quelle ore prima dell’alba in cui passano fantasmi di donne ripudiate, né dai giornali, né da alcuna cosa sperimentata o solamente sognata. Certo, è difficile parlare di questi richiami senza metterli a tacere, ma forse bisogna almeno prestare loro, per sentirsi meno indifesi, tutta l’attenzione di cui si è capaci. Forse non è del tutto irrisorio, anche se le apparenze sono contro essi, che degli uomini continuino oggi a chinarsi su una pagina bianca, o su quelle che altri, per millenni, hanno coperto di segni; non “come se nulla fosse” ma in piena lucidità.

Oggi saremmo tentati di affrettarci, così come un tempo ci siamo affrettati nei nostri esami, nei problemi di algebra troppo difficili, quando mezzogiorno si avvicinava. Ma bisogna anche resistere a questa fretta, poiché adesso non abbiamo un obiettivo immediato, non è la soluzione del problema che conta, ma la maniera in cui intraprendiamo la sua risoluzione.

*

Il rituale delle civiltà primitive: da indagare. Di Gudea, governatore nel 2400 a. C. di Lagash (l’odierna Telloh, in Mesopotamia), quando edificò un tempio al dio della città, si dice su un cilindro d’argilla dell’epoca che «…come un giovane uomo che ha appena costruito una casa, davanti a lui non lasciò entrare alcun piacere; come una mucca che volge gli occhi al suo vitello, verso il tempio tutto il suo amore portava».

La mia curiosità per la civiltà mesopotamica – di cui non avevo conosciuto altro che il periodo tardo, ridotto peraltro a qualche ricordo scolastico: i Giardini pensili, Sardanapalo e Nabucodonosor – si risvegliò al Louvre, precisamente nella sala v delle Antichità orientali. Là, nella vetrina centrale, c’era un foglio d’oro, delle dimensioni di una pagina di quaderno, coperto di segni cuneiformi che commemoravano la fondazione, da parte di Sargon ii, del palazzo di Khorsabad; un oggetto che, così all’improvviso, mi toccò. Subito dopo, come l’acqua contenuta da una diga si precipita non appena si apre la minima breccia, giunsero altri oggetti, più sorprendenti: i vasi di Susa, del iv millennio a. C., piatti di sovrani morti, le pietre di fondazione con il loro deposito di collane, iscrizioni, foglie di pioppo in oro, le stele di vittoria, le statue in diorite nera di Gudea, i curiosi sigilli che fungevano da firma per i mercanti… Ma era stata proprio quella pagina di quaderno che, commuovendomi, aveva permesso il loro afflusso. Forse, del resto, si dovrebbe considerare solo ciò che per primo ci ha colpito, anche, o soprattutto, quando non ci si riesce a dare una spiegazione.

Amavo quegli oggetti perché li sentivo entusiasmarmi. E se oggi provo a spiegarmi quello shock di fronte alla pagina di quaderno penso che forse avevo allora in testa, in un angolo della testa, senza sospettarlo, una frase di Una stagione all’inferno, in cui Rimbaud allude a dei «fogli d’oro» («una giovinezza da scrivere su fogli d’oro», credo); in seguito, che essa mi ricordava come le belle opere dell’uomo, i palazzi, i templi, i canali, alla fine si sgretolano, si impantanano e diventano ciarpame (e dove ci venivano mostrate le rovine di Babilonia consegnata agli sciacalli, secondo la parola di Geremia, io vedevo anche lo stesso Louvre, e Parigi con esso, fornire delle rovine per gli archeologi futuri); credo infine che ciò che mi ha toccato più di ogni altra cosa è che non avevo di fronte a me delle opere d’arte (nel senso della Venere di Milo, la quale, al contrario, lo è), ma degli oggetti sacri.

Si sa, per esempio, che se Gudea, governatore di Lagash, fece piazzare nei templi statue nere a sua immagine, non era affatto per “abbellire” il tempio, pur se in onore del dio, ma per essere sempre presente; e, per timore che la sua presenza non fosse reale, faceva incidere, tra le altre cose, il suo nome sulla statua, pensando, come tutti i suoi contemporanei, che fosse sufficiente nominare un oggetto per dargli vita. Per lo scultore non era necessario che quelle statue fossero belle; e forse è per questo che lo sono.

Il grande poema babilonese della Creazione, Enuma elish (Quando Lassù il cielo non aveva ancora nome, e Quaggiù la terra ferma non era ancora chiamata con un nome…) fu, da tempo immemore, uno degli elementi essenziali della liturgia del Nuovo Anno. Le feste del Nuovo Anno, così importanti nella vita dello Stato che la loro celebrazione è registrata negli annali più sintetici accanto alle vittorie e alle costruzioni regali, duravano dodici giorni. Ora, la sera del quarto giorno, il sommo sacerdote recitava l’intero poema della Creazione con la mano alzata di fronte alla statua del dio.

Frammento di un rituale, questa volta sumero, per le stesse feste del Nuovo Anno a Uruk (riassunto, in verità, che rinvia al rituale dettagliato a cui si allude nell’ultimo verso. Preferisco darlo senza alcun commento, nonostante le parole non tradotte):

«Settimo giorno: sveglia del tempio da parte dei kalû e dei cantori; pistori, pane e canti di gioia;
«carni arrostite, carne di manzo e montone kalû come offerta regolare; l’insieme delle birre di prima qualità,
«con “vino pressato” e latte; datteri, miscela fermentata di buona qualità e miscela fermentata labkû;
«tirnât, giare e contenitori; l’entrata (?) di Papsukkal e Gushkin-azag-banda
«nel santuario; la vestizione di Anu e Antu e la vestizione di Ishtar;
«il posizionamento del bue tra le tele; i canti dei cantori e dei kalû;
«guqqanû che seguono la vestizione e l’offerta di fiori di farina; la purificazione del tempio;
«la processione nelle strade e in barca e il (tempio dell’) Akitû; la preparazione e la rimozione
«dei pasti del mattino e della sera come al settimo giorno del mese di Nisan, idem

Ancora il rituale dell’akitû, o festa del Nuovo Anno, di nuovo a Babilonia: il quinto giorno del mese, due ore dopo l’alba, il sommo sacerdote deve procedere alla purificazione del tempio; lui stesso non può assistervi e incarica un «incantatore» che asperge il tempio con le acque del Tigri e dell’Eufrate, suona il gong di bronzo nella corte, porta incensieri e torce. Con un montone a cui un «porta-spada» ha tranciato la testa si strofinano i muri del tempio. Poi il cadavere viene gettato nel fiume. Incantatore e porta-spada, una volta svolta la loro mansione, devono ritirarsi nella campagna dal 5 al 12, data della fine delle feste.

Gudea: cilindri a e b, relativi alle circostanze dell’erezione del tempo di Ningirsu (xxiii secolo a. C.):

«…di nuovo s’occupò della Casa per giorni di seguito, s’occupò per notti di seguito. Spianò i monticelli, rimosse gli ostacoli, dalla strada tolse gli influssi maligni (lett. sputo a scopo magico)…
«…rimosse i rovi, sradicò le erbacce…
«L’alba lo trovava in preghiera, la notte passava per lui in atti di pietà…
«Dal giorno in cui il Re entrò nella sua Casa, per sette giorni, la serva s’accompagnò con la padrona, e il servo stette fianco a fianco con il padrone. Nella città il forte e il servo riposarono insieme, la lingua cattiva cambiò le parole in bocca…».

Esiodo: Opere e giorni (viii secolo a. C.):

«Quando si levano le Pleiadi, figlie di Atlante, inizia la mietitura, l’aratura quando tramontano. Esse quaranta giorni e altrettante notti sono nascoste, e di nuovo volgendo l’anno si mostrano per la prima volta quando si affila il ferro. (vv. 383-387.)
«Ma quando le Pleiadi e le Iadi e la forza di Orione tramontano, allora bisogna ricordarsi dell’aratura, ché è la stagione: il seme sotto terra ben riposto possa restare. (vv. 614-617.)
«L’ottavo del mese il capro e il bue dal forte muggito bisogna castrare, il dodicesimo i laboriosi muli… Nel quarto bisogna cominciare a assemblare le navi sottili.» (vv. 790-791 e v. 809.)

Là un sacerdote riferisce le circostanze dell’erezione e della dedicazione di un tempio; qui un poeta dà a suo fratello qualche consiglio pratico o morale. Rapporto di un governatore sulle sue attività, inciso su un cilindro di argilla; almanacco che sgrana le sue frasi, i suoi detti. Negli uni e negli altri frammenti si tratta di attività del tutto ordinarie: sputi da pulire nelle strade, erbacce da estirpare; grano da seminare, bestie da accudire, barche di pescatori o di mercanti da costruire, da varare. L’uomo suda tra le impalcature di un tempio o in mezzo ai suoi campi: cose pesanti, lavori monotoni, opachi. Eppure qui è come se, nelle parole, diventassero trasparenti e attraverso loro si vedesse brillare la Necessità. Le cose più semplici, per quanto sporche, per quanto pesanti, non sono solamente degli ostacoli; una fede le alleggerisce, le aiuta, e le parole ristabiliscono la comunicazione tra la pesantezza e l’euforia, la caducità e la durata. È senza dubbio per questo che certe specie di liturgie, così antiche, così strane, ci toccano. Oggi le cose ci imprigionano, le opere ci ostruiscono la vista. Sembra che nulla possa togliere l’opacità a questi muri neri. Nella poesia di quelle epoche aurorali le cose sono al contempo molto reali e molto leggere; oggi sono pesanti e pertanto senza alcuna realtà.

Le bestie, che conosciamo bene, che aduliamo o che frustiamo, significano anch’esse. Dionisio e Cristo sono l’agnello sacrificato; e il morto, iniziato all’orfismo, talvolta portava attaccato al suo collo una lamina d’oro in cui, per poter essere ammesso alla vita eterna, ricordava la sua origine divina e si paragonava a un capretto caduto nel latte (lamina d’oro trovata in una tomba a Thurii, Magna Grecia). Il serpente è legato alle divinità sotterranee per i Sumeri così come nella tradizione orfica; è un serpente che difende la pianta della vita eterna dal desiderio dell’eroe babilonese Gilgamesh, un serpente che rese Eva mortale. Ma ritornano nei nostri sogni; ne ho visti brulicare in una vasca, nel mezzo di una camera in cui si affrontavano tenerezza e paura; ne ho visto uno trasformarsi in bastone come in mano a Mosé, ai piedi di una scala umida.

Tuttavia, temo che sia sbagliato credere che si restituirebbe alla poesia la sua forza nativa imitando, perseguendo solamente quel senso naturale del sacro che nutre tutta la cosiddetta poesia primitiva. Così gli scultori che fabbricano dolmen o specchi cinesi, i poeti che divinizzano il sole, i fiumi, i tori…

Quando l’anima è buona per i netturbini, ma le resta ancora abbastanza forza per saperlo, il mondo si riduce per essa a un ammasso di anticaglie, a un tracollo immobile di maschere, ossa e trucioli. Lei stessa crolla. La testa cade sul tavolo, il corpo si rannicchia o va in pezzi. Gli occhi si offuscano, le mani tremano. Gli oggetti con cui sono ancora necessariamente in contatto, oggetti quotidiani, perdendo la loro realtà si confondono a poco a poco con quelle bottiglie finte, quei frutti finti che si espongono nelle vetrine in tempi di penuria. La sola realtà visibile è questo sfacelo immobile e sempiterno di tutto, la sola realtà interiore una confusa voglia di piangere che non si placa, essendo state le lacrime stesse tolte all’anima come un attributo troppo limpido.

Ci si può allora lanciare in ogni sorta di attività forsennata, così come un ospite in una serata s’agita e si spende per convincersi che si sta divertendo. Ma se si attendesse senza parlare, una specie di ordine si direbbe poter nascer, un movimento ascendente, pur se impercettibile, potrebbe sostituirsi alla caduta. Così, in una tranquillità tremolante, nel silenzio o più esattamente in uno spazio in cui i rumori si allontanano e si disperdono, come quando si esce da una città e si raggiungono i primi boschi, in quello spazio simile a una casa, qualcosa potrebbe accadere, forse aprirsi, illuminarsi.

La mattina del ventotto novembre, mentre passavo sul Pont du Carrousel, una nebbia senza peso né umidità (il cielo allo zenit era chiaro) avvolgeva ancora la Senna, il Louvre, la Passerelle des Arts e almeno la base dell’Île. Né la Tour Saint-Jacques, né il City-Hotel, né la Vert-Galant esistevano più che un’anima addormentata. Un sole perfettamente rosso apparve nei loro sogni e rotolò sopra i tetti del Louvre fino al giardino che incorniciano.

Da questi anni di distruzione forse finiremo per trarre almeno una specie di sapere, dopo che essi avranno sgretolato qualche illusione tanto solida. Colui che si credeva onnipotente si accorgerà che dormiva sul filo del rasoio: che non si rivolti in sogno, o le sue lenzuola saranno presto impeciate e rosse; colui che camminando per la città ammirava la compattezza delle sue fondamenta e la vetustà dei suoi enormi monumenti capirà che le pietre più dure, ammassate le une sulle altre secondo leggi che sembravano tanto forti, in definitiva non furono altro che coalizioni di polvere; infine, tutto ciò il cui valore si calcola in cifre apparirà minacciato da altri valori, altri poteri cifrabili. Così abbiamo talvolta la sensazione, anche se camminiamo sul marciapiede di tutti i giorni e la metropolitana, i negozi, gli uffici e i semafori funzionano ancora normalmente, di attraversare delle rovine; e la nebbia invernale, cancellando, confondendo o deformando le belle apparenze delle strade, sembra, sebbene non sia altro che un velo, dire la verità: che l’anima non ha nulla che possa essere afferrato.

Così la poesia, che approfitta del semplice bagliore di una lampada dietro una vetrata per immaginare, in una sordida corte, un teatro oscuro e variopinto in cui si preparano gli attori notturni, la poesia che sfrutta immagini spesso scoperte facilmente e prive di realtà agli occhi di molti, sembra perseguire infine una realtà più grande, poiché, trascurando le apparenze afferrabili o giocandoci, persegue i loro inafferrabili rapporti: del mondo, paragonabile al materiale per un’orchestra che può essere sfogliato o anche distrutto, e a strumenti che brillano e occupano spazio, non persegue che la musica stessa, quella che non ha né peso, né volume, né apparenza.

In un secolo in cui il mondo non aveva ancora sperimentato a sufficienza la fragilità delle sue forme, in cui le stagioni avevano l’aria di susseguirsi, Keats poteva scrivere la sua ode All’autunno e trarre da un periodo dell’anno al quale si sentiva più legato (perché lui stesso stava spegnendosi) una sorta di canto sostenuto e una musica abitabile; e tuttavia (se la bella traduzione di Pierre-Louis Matthey non mi inganna) già non è più un’opera chiusa; si compie in sospiri, si perde in un volo di rondini… Ma oggi, quale poeta potrebbe scrivere un’ode come All’autunno senza rischiare di erigere artificialmente una solida dimora, quando non c’è niente di più reale che la crepa e i detriti? È nelle macerie della vita quotidiana che si persegue malgrado tutto il luccichio del mondo incorruttibile, come i bambini cercano schegge di vetro tra i cumuli di rifiuti.

Nelle iscrizioni e nei testi egizi si incontra frequentemente l’epiteto «giusto di voce» unito al nome di un defunto; significa che le sue dichiarazioni sono state riconosciute esatte davanti alla corte dell’altro mondo. Questo epiteto in greco ha un equivalente esatto: Eumolpos. Ma chi era Eumolpos? Il primo ierofante, il primo sacerdote dei misteri, l’antenato della famiglia sacerdotale degli Eumòlpidi. Infatti, «chiunque non abbia una voce intelligibile» deve rinunciare definitivamente alla speranza di essere sacerdote: le parole sacre, se mal recitate, perderebbero la loro efficacia. Tutto ciò che si dice nei misteri, che sono l’iniziazione dell’anima alla morte, dev’essere pronunciato con una voce giusta.

Il Tibet, come l’Egitto, ha il proprio Libro dei morti, il Bardo Thodol. L’anima del defunto, nello spazio intermedio tra vita e morte chiamato Bardo, è guidata dalle indicazioni del libro come una sorta di viandante. Ora, il testo stesso insiste sul fatto che l’officiante deve leggere «con una pronuncia corretta e una dizione chiara»: le parole necessarie alla liberazione dell’anima entrano «per la via dell’orecchio» ed è essenziale che il defunto vi presti molta attenzione. Come dice un altro testo tibetano, Il mistero del fiore d’oro: «La gallina può covare le sue uova sino alla fine perché il suo cuore è sempre in ascolto.» Tanta attenzione portata alla parola, alla voce, al tono, in circostanze così gravi, ha di che far riflettere…

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The myth of Babel tells of the loss of the earth’s one language and one speech, and the confusion of languages. Suddenly every object and every idea assumed a plurality of names, and the oversized tower, symbol of human imagination and hubris, was abandoned within the shadow foreboding its destruction. With an unprecedented series of correlated texts, Specimen explores these magnificent ruins, hearing echoes of the multiplicity of languages and the birth of translation. This collection includes texts about Babel, translation or language, and special translations. In September 2021, 20 years after 9/11, the Babel festival will focus on the multiplication of languages and the present diaspora from the regions of ancient Babylon – the scattering of the children of men over the face of all the earth. >> www.babelfestival.com

 

Published July 26, 2021
© Specimen 2021

فيليب جاكوتيه : ملاحظات وبعض التعليقات القديمة 1947 – 1962

Written in French by Philippe Jaccottet

| A specimen of Babel: Stories on the loss of the earth’s one speech and the confusion of languages


Translated into Arabic by Sahar Samir Youssef

 إن ما نقدمه فيما يلي لا يتجاوز كونه بعض الملاحظات الأولية بكل ما تحمله كلمة ملاحظات من معاني التردد وقابلية التغيير وقد تم تدوينها بغية اجراء دراسة حول مسألة التحول في العملية الشعرية . 

كان أحد حكماء الشرقلا تسعفني الذاكرة لتذكر اسمه الآنيقول بأنه مهما أطال في ارتكاز رأسه (الذي هو في حقيقة الأمر مجرد مشروع رأس شخص متوفي) علي راحة يده ومهما طال شعور أصابع يده بثقل جبهته المستندة عليها فإن نتيجة ذلك لم ولن تكن أبداً القدرة علي التحكم في صبغة افكاره ، بل ظل دائما في حالة تشكك دائم . 

جالساً الي طاولتي بين أشيائي المألوفة التي حصلت عليها من حجرة طفولتي أو من سوق قديم في مدينة غريبة كنا فيها سعداء …. بينما من النافذة أطلت شجيرات الشتاء العارية. وفي الخارج، مازال الهواء بارداً يحمل رائحة الدخان القادمة من البراري حيث الثلج أقل بياضاً ، لم نحيا الكثير بعد ؛ وكنا في غاية الضعف ، ودون أدني دفاع أمام زوابع لا نهائية شهدنا فيها ، حول هذا الملاذ المزعوم ، ملايين الأحداث الغامضة وحيوات الآخرين . أعرف البعض منها جيداً والبعض الآخر مررت بجانبها ولم أنساها. وهنالك ما تخيلته فقط منهاكان كل ذلك أشبه بذرات من التراب أصبحت فجأة ضحية عشوائية رهيبة لحركة براونية مفاجأة . كنت أحاول وسط كل ذلك السيطرة علي أفكاري . فكنت في ذلك أشبه بمن استيقظ من سباته فجأة بآخر الليل وسط صمت غير عادي وهدوء ظاهري (بينما في مكان ما ، شخص ما يشهد تدفقاً لدمائه دون توقف في اللحظة ذاتها ، أو في مكان آخر شخص آخر يكتشف أن امرأة تلف جسده بذراعيها) . من النادر اذن أن نشعر بالهدوء: هذه ليست أفضل ساعات اليوم بالنسبة لكبار السن . ورغما عن ذلك تمر هذه الساعات وتنصرم مع دقات الأجراس في مدينتنا التي تغزوها الضوضاء مع مرور بائع اللبن المتجول وحيداً في شوارعها. ثم تليه أصوات المنبهات العالية لتوقظ الموظفين. 

هنالك اذن نوع من الشعائر يسيطر علي حياتنا ويتحكم بها ولكنه لا يشبه مثلاً الصلاة عند شروق الشمس أو صلاة لإله يعلوه بريق شارد في كنيسة موحشة . إنه تنظيم أكثر من كونه نظام وهو الأمر الذي يفقد كل معني له اذا خرج من اطار الضرورة .

 توضع الصحف في الصناديق المخصصة لها ويتم قراءتها علي عجل ؛ وهنا تبدوخرافاتالشعوب البدائية ، تلك الطقوس الفاحشة أو الدموية التي يضحك منها أهل التقدم ، تبدوا معقولة اذا ما قورنت بما نقرأه في مقالات الجرائد والصحف. 

ولا أتحدث هنا فقط عن ( “سامدي سوار، مساء السبت)  وإنما عن صحف اسبوعية لجمهور المثقفين مثل (لوفيجارو) ” الأدبي” . 

واذا ما أردت أن أسوق مثال ، فلنقرأ بتاريخ التاسع من أيلول عام 1950 مقال لعالم متخصص من البارزين في مجاله ، أفرده لأسلحة حروب المستقبل . وهنا تدعونا رشاقة الأسلوب الجزل الي أن نسوق مثال عليه : 

« السرعة شيء بطبيعته دائم الازدياد. وعليه سيتعين على الانسان فيما بعد التخلي عن القتال الحي ؛ حيث سيظهر لوناً جديداً ومختلفاً تماماً من الحروب ؛ ألا وهي حرب الروبوتات . لكل تطور عرض خاص به. ستصبح الأسلحة  قادرة علي الابحارلمناطق أبعد وسيكون التحكم بها عن بعد . وستخضع الطائرات أيضاً لنظام القيادة و التحكم عن بعد بلا طيار ، وستضحى قادرة علي التحليق لألف ومائتي متر في الثانيةستكون هذه الطائرات صغيرة الحجم ، خفيفة الوزن ، سهلة التصنيع وقليلة التكلفة حيث المحركات النفاثة مجرد أنبوب موقد …..» .

تلك هي الصلاة التي نرتلها كل يوم منذ عشرات السنوات خلف صفوف الأشجار والأغراض المنزلية البسيطة . وبالرغم من ذلك، كنت وأنا جالس الى هذه الطاولة وعلى وعي تام بعدم جدوى الكلمة ، والشعر وبمدى تدني معناهم وقيمتهم أمام هذه الأفكار الوحشية المجردة التي قد تريق كم كبير من الدماء ، كنت بالرغم من كل ذلك متشبثاً ببعض الأشياء . هي ليست أشياء أكيدة ولكنها مجرد اشارات ، اثنتان أو ثلاث . عندما وردت الي هذه الاشارات أو العلامات شعرت أنها قادرة علي البقاء والمقاومة أمام الرعب المحيط بنا . علامات أرسلها الي أشخاص أحياء من الممكن أن نطلق عليهم أسماء مألوفة ، أو ألهمتني بها عناصر أخري ربما غير حية أيضاً مثل قصائد الشعر أو حتي أعمال موسيقية . 

ولذا فإنني لا أريد أن أفصل التجربة الشعرية عن تلك الأشجار الرابضة أمام نافذتي علي أهبة الاستعداد للتحول الي كائنات حية ، ولا أن أفصلها عن تلك الساعات التي تسبق بزوغ الفجر والمسكونة بأشباح سيدات مطلقات . أو أن أفصلها عن أخبار الصحف أو  الأحداث سواء الحقيقي منها الذي نعيشه أو سواء الذي نتخيله ونحلم به .

من المؤكد أنه أمر شديد الصعوبة الخوض في الحديث عن هذه النداءات أو الاشارات دون القدرة علي إسكانها . ولكن ، ربما يجدر بنالتقليل شعورنا بالعجز أمامهاأن نعيرها كل الاهتمام الذي باستطاعتنا .

صحيح أن كل الظواهر تقول بمعارضتها لهم ، غير أنني أري أنه ليس بالأمر عديم الجدوى تماماً أن يتمسك البعض حتي يومنا هذا بالانكباب علي الصفحة البيضاء أو أن يعكف علي تفحص صفحات أخري ملأها آخرونمنذ آلاف السنينبرموز واضحة بعيدة كل البعد عن مبدأوكأن شيئاً لم يكن ” . 

قد يتملكنا اليوم شغفاً بأن نحث الخطى ، بأن نسرع قليلاًتماماً مثلما كنا نفعل بالماضي إزاء بعض الفروض المنزلية أو مراجعة الامتحان أو لحل بعض مسائل الجبر الصعبة عندما يوشك النهار علي الانتصاف . ولكن ، ينبغي أن نقاوم هذه الرغبة في الاستعجال أيضا نظراً لأننا لا نستهدف حالياً غاية بعينهاونظراً لأن الأهم ليس حل المشكلة وإنما الطريقة التي ننتهجها لحلها.

علينا التنقيب في طقوس الحضارات القديمة . عندما قام (جوديا) ، أحد ملوك سلالة (لاكاش) قبل ألفي وأربعمائة عام من ميلاد السيد المسيح ، بتشييد معبد للإله في مدينته نُقش على أحد اسطوانات الصلصال الشهيرة والخاصة بهذا العصر أنهمثله في ذلك مثل شاب يبني منزله حديثاً ، لم يترك مجالاً لأي شهوة أن تسبقه للداخل ؛ مثل بقرة وجهت ناظريها نحو ثورها، كان كل حبه موجها نحو هذا المعبد. »

كان شغفي بحضارة بلاد الرافدين، التي اقتصرت معرفتي بها على مراحل متأخرة، تنحصر في بعض الذكريات التي حملتها في ذهني منذ سنوات الدراسة البعيدة: كالحدائق المعلقة، (ساردانا بألوس)، (نبوخذ نصر) …الخ. و قد عاد هذا الشغف يداعبني عند زيارة متحف اللوفر، و تحديدا للقاعة رقم ٥ المخصصة للأثار الشرقية، توسطت القاعة واجهة عرض زجاجية احتوت بداخلها ورقة من الذهب الخالص، بحجم صفحة من دفتر كبير، غطتها بالكامل نقوش مسمارية تسجل لمرحلة بناء قصر (خورسباد) على يد (سرجون الثاني). 

تأثرت فورا و بشكل غير متوقع بهذه الصفحة و سرعان ما تسربت لوجداني قطع أثرية أخرى أكثر اثارة للدهشة كما تتسرب المياه و تنهمر مسرعة عند حدوث أدق الشقوق في السد الذي يحجزها. أذكر من هذه القطع : مزهريات (سوزا) التي تعود الى الالفية الرابعة قبل الميلاد، و أوان خاصة بملوك قدامى، أحجار عملاقة مخصصة للبناء، أوراق الحور مصنوعة من الذهب الخالص و مغطاة بالنقوش، مسلات النصر، تماثيل من الديوريت الأسود لـ (جوديا)، الأختام التي كان يستخدمها التجار في عملية البيعكل هذه الأشياء و كل هذا الفيض حركته بداخلي تلك الورقة الصغيرة عندما دغدغت مشاعري. و ربما كان من الواجب أن يعكف المرء فورا على ما أثار اعجابه أولا حتى و ان بدى ذلك غير مفسرا في التو و اللحظة.

كنت أحب هذه الأشياء لشعوري بأنها تحرك عواطفي. و انني اذ أحاول اليوم أن أفسر دهشتي أمام هذه الورقة بالمتحف، أعتقد أن ما أثارها هو أنها أعادت الى أذهانيدون أن أدرك ذلكعبارة شهيرة من عباراتموسم في الجحيمللشاعر العظيم (ريمبو) و التي أتى فيها على ذكرأوراق ذهبية“. كانت العبارة على ما أعتقد هي: “صبا و شباب تكتب قصتهم على أوراق ذهبية“. 

أيضا، كانت هذه الصفحة المتوسطة فترينه العرض الزجاجية بالمتحف تضع نصب أعيني فكر هامة، الا و هي أن كل هذه الأشياء الجميلة من صنع الانسانسواء كانت قصور، معابد، قنوات و ما الى ذلكمصيرها في النهاية الانهيار و التفتت لتصبح مجرد قطع أثرية معروضة بالطرقات. و اذا كانت مقولة (أرميا) الشهيرة تنقل لنا صورة بابل و قد غشيها التراب و استوطنتها قطعان ابن اوى، فاني أرى أيضا متحف اللوفر نفسه و باريس بدورها هي الأخرى تصبح اطلالا يدرسها علماء الحفريات في المستقبل. 

في نهاية الأمر أعتقد أن ما أثر بي أكثر  من أي شئ آخر هو أنني لم أكن أمام أعمال فنية ( بالمعنى الذي نستطيع أن نطلقه علي (فينوس دي ميلو) مثلا وإنما كنت أمام قطع واشياء مقدسة . 

ومن المعروف مثلاً أن (جوديا) أحد ملوك (لاكاش) عندما قام ببناء المعابد في بلاده ، وضع في كل منها تماثيل له من الديوريت الأسود . كانت هذه التماثيل علي هيئته . ولم يقصد بوضع هذه التماثيلتجميلالمعبد ، حتي وان كان ذلك علي شرف الإله ، وانما قصد بذلك أن يكون حضوره دائما داخل هذه المعابد حتي وان كان هذا الحضور غير حقيقياً . وكان يأمر بأن يتم حفر اسمه على التمثال ظنا منه أن اطلاق اسم علي شئ يمنحه الحياة ، كما كان هذا المعتقد سائداً لدي معاصريه . فلم يكن النحات يهتمون اذن بإخراج تماثيل جميلة وربما كان هذا هو السبب وراء كونها خرجت للنور في أبهى صورة . 

كانت قصيدة بابل الكبرى عن بداية الخلق ، وظلت لزمن طويل ، أحد العناصر الرئيسية في طقوس الاحتفال  ببداية العام . وكان لاحتفالات بداية العام أهمية كبرى في حياة الدولة حتي أن هذه الاحتفالات كان يتم تسجيلها في حوليات وسجلات الدولة جنباً الى جنب مع انتصارات وأمجاد الملوك.

كانت هذه الاحتفالات تقام لمدة اثنا عشر يوما متتالية. فإذا جاء اليوم الرابع ، أخذ الكاهن ألأعظم يتلو في المساء أنشودة الخلق كاملة رافعاً يده أمام تمثال الإله (راجع تيورو دانجن ، طقوس أكدية ، ۱۹۰٥) .  

وهناك مقطع آخر من أحد الشعائر ، السومرية هذه المرة ، يصف الاحتفالات ذاتها الخاصة باستقبال العام الجديد في (الوركاء). ان هذا المقطع يعتبر ، في الحقيقة ، ملخص عن الشعائر التفصيلية المشار اليها في البيت الأخير . أفضل أن أسوق هذا المقطع  هنا دون أي تعليق من جانبي ، بالرغم من وجود كلمات غير مترجمة (مراجعة نفس المرجع السابق).

« اليوم السابع يستيقظ المعبد علي يد الكهنة ومنشدي التراتيل ، اصوات الغناء ترتفع مع عمل الخبازين ورائحة الخبز .  

« تشوى اللحوم ، لحوم العجول والخراف لتقدم كقرابين ، مع الجعة من أفضل الأنواع ؛ 

« كل ذلك بالاضافة اليالنبيذ المعصوروالحليب والتمور ، الخليط الذي تم تخميره ، خليط من أجود الأنواعلابكو؛ 

« الـ (تيرنات) ، الجرار والحاويات ؛ الدخول (؟) للإله (بابسوكيل) و (جوسكين ازاجباندا).

 وفي المحراب ؛ مراسم إرتداء الالهة (آنو)  و (أنتو) و (عشتار) للزي الخاص بهم ؛ 

« وضع العجول لتلف بالقماش ؛ وتستمر الأناشيد ؛ 

« الـ( جوكانو) يتبعون مراسم ارتداء الزي وتقديم ازهار من العجين ، ثم يتم تطهير  المعبد ؛ 

« ينطلق الموكب الي الشوارع ويستقل  المراكب أيضاً وصولا الي معبد (أكيتو) ؛ 

« ويتم تحضير وجبات الصباح والمساء تماماً مثلما يحدث في اليوم السابع من شهر نيسان». 

مرة أخري ، حديث عن شعائر الـ(أكيتو) أو احتفالات بداية العام الجديد في بابل: ( وفي اليوم الخامس من الشهر ،  بعد ساعتين من بزوغ الفجر ، يجب أن يبدأ الكاهن الكبير في عملية تطهير المعبد ، غير أنه لا يستطيع المشاركة بنفسه في هذه الطقوس ويكلف بها أحد المرتلين للتمائم والذي يقوم بنشر مياه نهري دجلة والفرات داخل المعبد ويقرع الأجراس النحاسية داخل الفناء الرئيسي مع اشعال المصابيح و المباخر ثم يتم المسح على جدران المعبد بالدماء المنهمرة من كبش أطاح حاملي السيوف برأسه قبل أن يتم القاء جسده في النهر . وبمجرد انتهاء دور حاملي السيوف و مرتلي الأناشيد ، ينسحبوا جميعا الي الريف من اليوم الخامس و حتى اليوم الثاني عشر تاريخ انتهاء الاحتفالات . 

(جوديا) : العواميد الاسطوانية ( أ ) و (ب) والتي تحمل سرداً لظروف تشييد معبد الالهة (نينجيرزو) بالقرن الثالث والعشرين قبل الميلاد : 

« مرة أخري ، في المعبد ، بالنهار كما بالليل ، كان يقوم بملأ الشقوق ويسدها

« ويقوم بانتزاع الأشواك وتهذيب العليق 

« وفي النهار ، تقام الصلوات ، أما المساء فهو مخصص للتراتيل و الأدعية . 

« وفي اليوم الذي يصل فيه الملك الي المعبد يشتعل التنافس بين السيدة وخادمتها ، ففي هذه المدينة السيد والخادم علي حد السواءكذلك القوى والبسيط كلاهما يتجاوران لتتبدل العبارات البذيئة بعبارات حميدة.» ( مرجع تيورو دانجن بعنواننقوش سومر وأكاد” ) . 

(هسيودوس) : الأعمال والتواريخ (القرن الثامن قبل الميلاد) (عند ظهور الثريا ، بنات أطلس ، يبدأ موسم الحصاد . المعروف أن البذور تظل في قشرتها أربعين يوما وليلة، محجوبة تماما.

ويأخذ الحول مجراه وبمرور الحول تعاود الظهور من جديد عندما تحمى النيران. (البيت رقم 383 – 7) .

« وعندما تأخذ الثريا في الاختفاء يأتي موسم غرس البذور لتأخذ طريقها تحت التربة ( البيت رقم 615 – 7). 

« وفي اليوم الثامن من الشهر، تخصي الثيران والخنازير ويسمع خوارها. أما عن البغال فموعدها الثامن عشر من الشهر. وفي اليوم الرابع يبدأ بناء السفن الرشيقة» ( البيت رقم 790 – 1 و 809)  (ترحبة ب . مازون ، منشورات بوديه 1947) .

يروي أحد الكهنة في هذا المقطع الأخير ظروف تشييد واهداء معبد ، بينما مقطع آخر ينقل بعض النصائح العملية و الأخلاقية يعطيها شاعر لزميله. ومقطع آخر يشكل تقريرا من أحد الحكام عن أنشطته تم نقشه على عواميد اسطوانية من الطين في هيئة رزنامة جمعت أقواله المأثورة وحكمه .

هناك مقاطع أخري تصف أنشطة عادية : بصاق في الشوارع يجب تنظيفه ، عشب فاسد يجب أن يجتث ، بذور يتعين زراعتها ، حيوانات مريضة يجب علاجها ، قوارب للصيد أو التجارة ينبغي صنعها ووضعها بالمياه . 

ان ما تحدث به أعمدة المعابد وقاعاتها وجدرانها هو أن الانسان غارق في الأعباء الثقيلة والأعمال الرتيبة المملة . غير أن كل ذلك وكأنه تحول ، من خلال الكلمات ، الي أشياء شفافة يُري من خلالها بشكل يعلوه البريق مسألة : الضرورة . فإن الأمور البسيطةحتي وان كانت ثقيلة وكئيبةلا يمكن اعتبارها عوائق ؛ حيث أن الايمان يخفف من حدتها ويساعد علي تحملها . كذلك فإن الكلمات تعيد بناء التواصل بين الثقل والتسامي، بين انقضاء الأجل والديمومة.

هذا هو بدون شك سبب ملامسة هذا النوع من الصلوات والشعائر القديمة والغريبة لمشاعرنا. ففي الوقت الحاضر، تضرب الأشياء الحصار حولنا وتحجب الأعمال الرؤية عنا. ومن الواضح أن لا شئ بإمكانه أن يذيل هذه الغشاوة التي تفرضها علينا هذه الأسوار العالية والقاتمة . 

أما في قصائد الشعر الخاصة بهذه العصور المضيئة  فنري الأشياء حقيقية جداً وتتصف بالخفة .  علي خلاف ما يحيطنا اليوم من أمور ثقيلة طاحنة وخالية في الوقت ذاته من أية حقيقة . 

كذلك فان الحيوانات، التي يتم رعايتها وكذلك جلدها بالسياط ، تحمل هي الأخري معان هامة . فمثلاً (ديونيسوس) والمسيح يرمز لهما بالحمل المضحي به . ويحمل المتوفيبعد تعريفه بالعالم الآخرحول عنقه سبيكة ذهبية دون عليها أصوله الإلهية حتي يتم قبوله الي الحياة الآخرة . والي جوار نسبه وأصوله تكتب عبارات تعقد مقارنة بينه وبين جدي قد سقط في الحليب (سبيكة ذهبية تم العثور عليها في احدي المقابر
بـ (ثيراي) ، الامبراطورية اليونانية الكبرى) . 

كذلك فإن الثعبان مرتبط بمملكة آلهة العالم الأسفل في الحضارة السومرية والأورفكية . إنه ثعبان يدافع عن شجرة الحياة الآخرة ضد رغبات البطل الملحمي البابلي (جلجامش). 

هذه المخلوقات الأسطورية تغزو أحلامنا؛ رأيت البعض منها في قاع حوض أو في وسط حجرة يتصارع فيها الخوف والحنان. رأيت أحدهم أيضا يتحول الي عصا كما حدث مع نبي الله موسي . 

غير أنني أخشى أن يكون الخطأ بعينه هو الاعتقاد أنه بالإمكان أن نعيد للشعر قوته الأصلية عن طريق تقليد أو الاسترشاد فقط بهذا الحس الطبيعي للأمور المقدسة والذي ارتكز عليه الشعر قديما في العصور الأولي . كذلك فعل النحاتون الذين كانوا يقومون بتصنيع المرايا أو نقش وحفر القبور، أو أيضاً الشعراء الذي جعلوا من الشمس والأنهار والثيران آلهة.

عندما تصل الروح الي مرحلة التكهين والتحول الى شيء قديم يوضع بفترينة زجاجية ، بينما بقى بها شيء بسيط من القوة لتدرك ذلك ، فان العالم يقتصر بالنسبة لهافي هذه المرحلةعلي مجموعة من العاديات ويتحول الي عملية انهيار للأقنعة والآطر والقصاصات …. ثم تنهار هي نفسها بعد ذلك . 

فيسقط الرأس علي الطاولة، ثم يجثم الجسد ويتفكك، ترتعد الأيدي وتخبو العيون. وتصبح كل الأشياء التي تلامستها هذه الأعضاء بشكل يومي تلامساً اجبارياً فاقدة لحقيقتها ويصبح من اليسير خلطها شيئاً فشيء بتلك الفواكه الصناعية والزجاجات الخاصة بالزينة والتي يتم عرضها في واجهة المحال التجارية وقت العجز ونقص الموارد. 

وهنا تصبح الحقيقة الوحيدة الواضحة الجلية هي هذا التدهور الأبدي…. والحقيقة الوحيدة الخفية هي هذه الرغبة الدفينة المشوشة في البكاء، تلك الرغبة التي لا تهدأ حتى بعد أن تكون الدموع قد تم نزعها من الروح لكونها أحد صفاتها الشفافة.

من الممكن أن يأخذنا الحماس للانخراط في كل اشكال الأنشطة الشاقة حينئذ ، تماماً مثلما يفعل ضيف دُعي الي احدى السهرات فأخذ يتحرك مرحا في جميع الجهات ليقنع نفسه بأنه مستمتع بوجوده هناك. و لكن، لو أننا انتظرنا مع التزام الصمت ، أعتقد أنه من الممكن أن يحل نوع من النظام في حركة تصاعدية غير ملموسة ليحل محل الانهيار. فانه في ظل هذا الهدوء المرتعد وهذا الصمت ، أو بالأحرى هذا الحيز الذي تتباعد فيه الأصوات وتختفي تماما مثلما يحدث عندما نغادر المدينة متجهين نحو الغابة ، في هذا الحيز الأشبه بدار مغلقة من الممكن أن يحدث شيءأن تضاء عتمة أو ينفتح ما قد أغلق مسبقاً . 

الثامن والعشرون من شهر تشرين الثاني في الصباح ، أعبر جسر الــ (كاروزيل) وفوق رأسي غيمة لا وزن لها ولا نداوة (حيث السماء شديدة الصحو) . كانت تلك الغمامة رغم ذلك تغلف نهر السين  ومتحف اللوفر وممر الفنون وجزء من جزيرة (سان لوي) . غاب برج (سان جاك) وفندق (سيتي أوتيل) و (فيرجالان) عن الأنظار تماماً : مثلما غابت الأرواح التي مازالت في سبات عميق . ثم ظهرت شمس شديدة السطوع لتبدد أحلامهم وهي تزحف من فوق أسطح متحف اللوفر وصولاً الي الحديقة المجاورة.

فلربما ينتهي بنا الأمر الى أن نستخلص من كل سنوات الدمار هذه نوع من المعرفة بعد أن يقضي مرور الوقت تماما على بعض الأوهام الصلبة بداخلنا، ليدرك عندئذ من كان يظن نفسه قويا أنه كان يغط في سبات عميق لا يقلبه فيه و لا حتى الحلم. سبات تركه عالقا في شراشف مخدعه. أما من أطلق العنان لروحه و منح نفسه حرية التجول في أروقة المدينة متأملا صلابة و قدم اثارها العتيقة فسوف  يفهم أن تلك الحجارة الضخمة الرابضة فوق بعضها البعض، وفق قوانين ثابتة على ما يبدو، ليست في النهاية سوى نتيجة تكتل الأتربة. 

اذن، في النهاية، سيضحى كل ما كانت تحسب قيمته بالأرقام مهددا بظهور قيم أخرى و طرق قياس جديدة تماما.  و هكذا بتسرب الينا أحيانا شعور ما و نحن نسير بطول أرصفة نرتادها كل يوم و نرى المترو و المحال التجارية و المكاتب و إشارات المرور تعمل جميعها بشكل طبيعي على وتيرة واحدة، ذلك الشعور بأننا نجتاز مجموعة من الأطلال. و أن ضباب الشتاء الذي يمحو و يشوه و يخلط معالم الشوارع بالرغم من كونه لا يتعدى الغلالة الرقيقة، يبدو و كأنه يفصح عن الحقيقة: حقيقة أن الروح لا تملك أي شيء ملموس. 

كذلك الأمر بالنسبة للشعر الذي يلتقط فرصة ضوء أحمر بسيطيشع من مصباح خلف ظلة من الزجاجليثير بالخيال صورة فناء مهمل أو قاعة مسرح خلفية مظلمة و مبهرجة في ان واحد يستعد بها الممثلون لعروضهم المسائية. الشعر الذي يستغل صورا عادية بلا أي غموض في أعين الكثيرين ليبدو و كأنه يتتبع حقيقة كبرى لأنه يجهل ظاهريا كل ما هو ملموس أو يتجاهله ليبحث عن علاقتها غير الملموسة بالعالم من حولنا. فالأمر أشبه بنوتة موسيقية يمكن تدميرها بعد مطالعتها، أو بالآلات الموسيقية التي تشغل حيزا كبيرا و تبدو لامعة و بالرغم من ذلك فان الشعر يتبع الموسيقى فقط و يجهل وجود كل هذه الأشياء الأخرى. الموسيقى التي هي في حقيقتها لا وزن لها و لا حجم و لا حتى مظهر ملموس.

ذات قرن، عندما كانت الأطر الخارجية للعالم لاتزال واضحة بعيدا عن الوهن الذي أصابها الأن، و عندما كانت فصول العام منتظمة و متتابعة ، استطاع (كيتز) أن يصوغأنشودة الخريفليستخلص من هذا الوقت من العامو الذي كان متعلقا به بصفة خاصة ، و فيه انتهت حياته أيضالونا من ألوان الشعر الراقي و الموسيقى العذبة. فأخرج لنا، علاوة على ذلك، عملا أدبيا يتصف بالانفتاح حيث تنتهي أبياته على تنهيدة عذبة تصاحب طير من أسراب العندليب (هذا بحسب ما أوحته الى ترجمة (بيير لوي ماتي) الرائعة). 

أما اليوم، فأين هو الشاعر الذي بإمكانه صياغة أنشودة خريف دون الوقوع في خطر رسم بناء قوي ظاهريا فقط بينما الشيء الوحيد الحقيقي به هي الشقوق و التصدعات؟  

بالرغم من كل ذلك، لازلنا نبحثفي أنقاض الحياة اليوميةعن بريق عالم لا يتحطم، تماما مثلما ينقب الأطفال الصغار عن شظايا البلور اللامعة وسط أكوام القمامة. 

و هناك عبارة تكررت كثيرا في النقوش و النصوص الفرعونية القديمة و كانت تقترن عادة باسم المتوفي و هي عبارةجئتك متحليا بالحق، و كان يقصد بها أن جميع أقوال المنتقل و اعترافاته أمام محكمة العالم الأخر صحيحة و لا يشوبها أي كذب. 

و الجدير بالذكر أن لهذه العبارة مقابل في اللغة اليونانية القديمة و هي عبارة (ايمولبوس). و لكن، من كان (ايمولبوس)؟ 

كان (ايمولبوس) أول (هيروفانت) أي كاهن يشرح للجماهير البسيطة أسرار و ألغاز الصلوات المقدسة و التعاليم الدينية. و كان يعرف بكونه مترجم الألغاز المقدسة و هو الجد الأكبر الذي انحدرت منه أسرة كاملة من الكهنة الـايمولبوييد“.

و في الواقع، المبدأ الهام هنا هوأنه من لا يملك صوتا واضحا مفهومايجب أن يتخلى تماما و نهائيا عن طموحه في أن يصبح كاهنا، ذلك أن العبارات المقدسة اذا تمت تلاوتها بشكل سيئ فإنها تفقد حتما من فعاليتها و تأثيرها. 

و عليه فان كل ما يتلى من صلوات تصاحب الروح في رحلتها الأخيرة الى العالم الاخر يجب أن يراعى تلاوتها بصوت سليم. 

ان لحضارة التبتمثلها في ذلك مثل الحضارة المصرية القديمة – ” كتاب الموتىالخاص بها ؛ وهو المعروف بــ (Bardo – thödol) (الباردو ثودول) ويطلق علي روح المتوفي ، في تلك المساحة ما بين الحياة والموت ، اسم (باردو) ويتم اصطحابها وارشادها وفقاً لتعليمات الكتاب السابق ذكره وكأنها في رحلة حقيقية . ويركز النص الذي يصف هذه الرحلة على ضرورة أن يتحدث هذا المرشد المصاحب للروحبصوت مفهوم وإيقاع منضبطليردد العبارات اللازمة لتحرير الروح بشكل صحيح حيث تجد طريقها من خلال حاسة السمع ويجب أن ينصت لها المتوفي بكل انتباه . فكما يقول نص آخر عن حضارة التبت عنوانهسر الزهرة الذهبية ” : « إن قدرة الدجاجة على إحداث عملية فقس البيض تنبع من قدرة قلبها علي الإنصات جيداً» . 

وعليه، فإن كل هذا الكم من الاهتمام بالكلمة، بالعبارة، بالصوت، بالوتيرة في ظروف و سياقات مختلفة يجب أن يدعونا لمزيد من التفكر بالأمر.

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The myth of Babel tells of the loss of the earth’s one language and one speech, and the confusion of languages. Suddenly every object and every idea assumed a plurality of names, and the oversized tower, symbol of human imagination and hubris, was abandoned within the shadow foreboding its destruction. With an unprecedented series of correlated texts, Specimen explores these magnificent ruins, hearing echoes of the multiplicity of languages and the birth of translation. This collection includes texts about Babel, translation or language, and special translations. In September 2021, 20 years after 9/11, the Babel festival will focus on the multiplication of languages and the present diaspora from the regions of ancient Babylon – the scattering of the children of men over the face of all the earth. >> www.babelfestival.com

Published July 26, 2021
© Specimen 2021


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