Vivre prés des tilleuls. Par Esther Montandon

Written in French by AJAR

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Avant-propos

Lorsque Esther Montandon m’a laissé la responsabilité de ses archives, en 1997, je me suis trouvé face à une masse de documents divers : cartes postales, pièces administratives, courriers, coupures de journaux… À quoi s’ajoutait le lot commun de tous les écrivains dont la recherche fait son miel: brouillons griffonnés épars, pages dactylographiées avec ou sans annotations autographes, et trois carnets de notes.

Reconnaissant de cette marque de confiance, je me suis attelé à la tâche avec un enthousiasme qui n’a cessé de décroître devant l’ampleur du travail. Même si la mort de l’auteure, l’année suivante, a ravivé un temps l’intérêt du public pour ses écrits, l’œuvre est peu à peu tombée dans l’oubli.

Cette production exigeante a parfois été jugée trop mince — Esther Montandon n’a publié que quatre livres de son vivant. On la réduit par ailleurs souvent au seul Piano dans le noir (1953), le premier et le plus connu de ses textes. C’est sous-estimer les richesses que recèlent ses trois autres ouvrages. Il n’y a qu’à relire Bras de fer (1959), portrait acide et jubilatoire d’une Suisse hésitant entre tradition et modernité, ou Trois grands singes (1970), nouvelles dans lesquelles l’auteure’ revendique son engagement féministe en dépeignant sans concessions une société patriarcale. Enfin, la gerbe de ses souvenirs d’enfance, magnifiquement nouée dans les fragments des Imperdables (1980), offre dans un style épuré un aperçu poétique et documentaire du Rwanda et de la Suisse des années 1930. En dehors de cela, il n’y a rien.

L’ensemble du fonds Esther-Montandon ne contient que la matière relative à son activité depuis le début des années 1960. Tout ce qui précède – cahiers, brouillons, manuscrits, projets en cours, dont atteste sa correspondance — a disparu dans l’autodafé qu’elle a commis à la suite de la mort accidentelle de sa fille Louise, le 3 avril 1960. De cette tragédie, inaugurant dix ans de silence éditorial dans la vie de l’auteure, on ne trouve trace ni dans Trois grands singes ni dans Les Imperdables. Jamais Esther Montandon n’a écrit sur la perte de sa fille. C’est du moins ce que l’on a longtemps cru.

Comment donc décrire mon émotion lorsqu’un matin d’hiver 2013, en mettant de l’ordre dans les cartons qu’elle m’avait confiés, je découvre une pochette étiquetée « factures », pochette que j’ai dû manipuler vingt fois sans jamais l’ouvrir – renfermant une petite liasse manuscrite.

Et tout est là, miraculeusement préservé.

Cela n’est pas un roman, pas même un ouvrage achevé, mais un recueil d’impressions, de faits, de pensées et de souvenirs. Une petite sociologie du deuil. On pourra gloser sur la survivance de ce manuscrit. Esther Montandon voulait-elle qu’on mette la main sur ces écrits intimes ?

Quoi qu’il en soit, l’analyse des fragments montre que la rédaction s’est probablement échelonnée entre le début de l’année 1956 (Louise est née le 4 octobre) et les deux ans qui suivent son décès, survenu le 3 avril 1960. Les feuillets n’étant pas numérotés, ni datés, ils ont été distribués pour la présente édition dans un ordre étudié pour faciliter la lecture. Comme de rigueur, toute mention entre crochets n’est pas de l’auteure.

Dans Vivre près des tilleuls — le titre n’a pas été choisi par Esther Montandon mais provient d’un fragment charnière —, la narration oscille entre le passé et le présent, sans qu’il soit possible d’établir avec certitude quels épisodes ont été écrits sur le vif ou rétrospectivement. Peu importe l’exactitude de la chronologie. Esther semble d’ailleurs traverser ces moments comme à tâtons dans le brouillard, se frayant un passage dans un dédale de réflexions personnelles et d’exigences sociales.

Y a-t-il moyen d’accueillir autre que soi dans une perte aussi irréparable ? Les relations d’Esther avec Jacques, son époux, déjà marquées par la difficulté d’avoir un enfant, seront minées par le drame. Pourtant, malgré les divergences (le couple se sépare dans les années 1970), le divorce ne sera jamais prononcé. Le respect a remplacé l’amour.

Rien n’a été épargné à l’auteure. Il ne faudrait pas pour autant en conclure que la joie est absente de ces pages. Fidèle à elle-même et malgré la blessure, Esther Montandon module patiemment, et avec obstination, une douleur qui n’appartient qu’à elle. Définitivement tragique et éternellement heureux, transfiguré par l’écriture, le souvenir de Louise s’inscrit désormais pleinement dans la littérature.

Vincent KÖNIG, 

Dépositaire des archives 

Esther Montandon

Published October 10, 2022
© Editions Flammarion 2016

Unter diesen Linden Roman von Esther Montandon

Written in French by AJAR


Translated into German by Hilde und Rolf Fieguth

Vorwort

Als Esther Montandon mir 1997 ihr Archiv anvertraute, sah ich mich einer grossen Anzahl unterschiedlichster Dokumente gegenüber: Postkarten, amtliche Schriftstücke, Briefe, Zeitungsausschnitte… Dazu all das, was unsereinem bei jedem Schriftsteller das Herz höherschlagen lässt: einzelne hingekritzelte Entwürfe, Typoskripte mit oder ohne handschriftliche Anmerkungen, drei Notizhefte.

lch war dankbar für diesen Vertrauensbeweis und übernahm die Aufgabe mit Begeisterung, die allerdings angesichts der Fülle des Materials mehr und mehr dahinschwand. Der Tod der Autorin im Jahr darauf belebte zwar eine Zeitlang das lnteresse des Publikums an ihrem Werk, aber dann geriet es allmählich in Vergessenheit.

Manch einer hielt ihr anspruchsvolles Oeuvre für zu schmal – Esther Montandon hat zu Lebzeiten nur vier Bücher veröffentlicht. Oft wird sie im Übrigen auf Klavier im Dunkeln (1953) reduziert, ihren ersten und bekanntesten Text. Damit unterschätzt man aber den Reichtum der drei anderen Bände. Man muss nur Die Kraftprobe (1959) wieder lesen, das bissige und jubelnde Porträt einer zwischen Tradition und Moderne schwankenden Schweiz, oder Drei grosse Affen (1970), Novellen, in denen die Autorin mit ihrer schonungslosen Schilderung einer patriarchalischen Gesellschaft ihr feministisches Engagement bekundet. Und schliesslich bieten ihre Kindheitserinnerungen, in den Fragmenten der Unverlierbaren (1980) wunderbar zu einem Strauss gebunden, in puristischem Stil einen poetischen, dokumentarischen Blick auf das Ruanda und die Schweiz der 1930er Jahre. Mehr gibt es nicht.

Der gesamte Nachlass Esther Montandon enthält nur Material ab dem Beginn der 1960er Jahre. Alles Vorherige – Hefte, Entwürfe, Manuskripte, laufende Projekte, die in ihrer Korrespondenz bezeugt sind – fiel dem Autodafé nach dem Unfalltod ihrer Tochter Louise am 3. April 1960 zum Opfer. Von dieser Tragödie, nach der die Autorin zehn Jahre lang keine Veröffentlichung mehr vorlegte, findet sich in Drei grosse Affen und auch in den Unverlierbaren keine Spur. Nie hat Esther Montandon über den Verlust ihrer Tochter geschrieben. Das war jedenfalls lange die Meinung.

Wie soll ich also meine Gefühle beschreiben, als ich an einem Wintermorgen im Jahr 2013 das mir anvertraute Material in Schachteln einordnete und dabei den Inhalt eines Umschlags mit der Aufschrift »Rechnungen« entdeckte, eines Umschlags, den ich hundertmal in der Hand gehabt haben muss, ohne ihn zu öffnen – und darin befand sich ein kleines Bündel Manuskriptseiten.

Und auf einmal ist alles da, wunderbarerweise bewahrt.

Es ist kein Roman, auch kein abgeschlossenes Werk, sondern eine Sammlung von Eindrücken, Geschehnissen, Gedanken und Erinnerungen. Eine kleine Soziologie der Trauer. Dass dieses Manuskript nicht vernichtet wurde, lässt Deutungen zu. Wollte Esther Montandon, dass ihre so persönlichen Texte jemandem in die Hände fallen?

Wie dem auch sei, eine genauere Betrachtung der Fragmente ergibt, dass sie sich wahrscheinlich über den Zeitraum zwischen Anfang 1956 (Louise wurde am 4. Oktober geboren) und den zwei Jahren nach Louises Tod am 3. April 1960 verteilen. Die Blätter sind weder nummeriert noch datiert, für die vorliegende Ausgabe wurden sie sorgfältig geordnet, um die Lektüre zu erleichtern. Bemerkungen in eckigen Klammern stammen selbstverständlich nicht von der Autorin.

In Unter diesen Linden – den Titel hat nicht Esther Montandon gewählt, aber er bezieht sich auf eine Schlüsselstelle – oszilliert die Erzählung zwischen Vergangenheit und Gegenwart; man kann nicht mit Gewissheit feststellen, welche Episoden im Zeitpunkt ihres ErIebens und welche im Nachhinein aufgeschrieben wurden. Aber die genaue Chronologie spielt kaum eine Rolle. Esther scheint sich vielmehr wie im Nebel durch diese Momente zu tasten, sie bahnt sich einen Weg durch ein Labyrinth aus intimen Reflexionen und gesellschaftlichen Anforderungen.

Kann man sich überhaupt um jemand anderen kümmern als um sich selbst bei einem solch unwiederbringlichen Verlust? Esthers Beziehung zu ihrem Mann Jacques war schon von der Schwierigkeit, ein Kind zu bekommen, geprägt, sie wird durch das Drama weiter zermürbt. Trotz aller Differenzen (das Paar trennt sich in den 1970er Jahren) kommt es nie zur Scheidung. Respekt war an die Stelle der Liebe getreten.

Nichts blieb der Autorin erspart. Das heisst aber nicht, dass nicht auch Glücksmomente auf diesen Seiten vorkommen. Esther Montandon bleibt sich treu und gestaltet trotz ihrer Verwundung geduldig und hartnäckig einen Schmerz, der nur ihr gehört. Die Erinnerung an Louise, für immer tragisch und auf ewig glücklich und im Schreiben verklärt, ist nun ganz und gar Literatur geworden.

Vincent König,

Verwalter des Archivs

Esther Montandon

Published October 10, 2022
© Lenos Verlag 2017

Vivere vicino ai tigli

Written in French by AJAR


Translated into Italian by Enrico Monti in collaboration with Irene Amodeo, Anita Elisse, Chiara Froldi, Greta Gabrieli, Roberta Grillo, Inès Kieffer, Marta Nicolosi, Camilla Predieri, Elisabetta Sabattini, Chiara ZanderigoKhalil Zantou

Premessa

Quando Esther Montandon mi ha lasciato la responsabilità dei suoi archivi, nel 1997, mi sono trovato di fronte a un cumulo di documenti sparsi: cartoline, documenti amministrativi, lettere, ritagli di giornale… A cui occorre aggiungere il retaggio solito di tutti gli scrittori, su cui gongola la ricerca: appunti sparsi, pagine dattiloscritte con o senza annotazioni autografe e tre taccuini. 

Riconoscente di questa prova di fiducia, mi sono lanciato nell’impresa con un entusiasmo che non ha smesso di calare di fronte alla vastità del lavoro. Nonostante la morte dell’autrice, l’anno seguente, abbia ravvivato per un po’ l’interesse del pubblico verso i suoi scritti, la sua opera è a poco a poco caduta nell’oblio.

 Questa produzione impegnativa è stata talvolta considerata troppo esigua: Esther Montandon ha pubblicato in tutta la sua vita solo quattro libri. Del resto la si riduce spesso al solo Piano nel buio (1953), il primo e il più celebre dei suoi testi. Così facendo si sottovalutano le ricchezze che si celano dietro le altre tre opere. Basta rileggere Il braccio di ferro (1959), ritratto acido e giubilante di una Svizzera in bilico fra tradizione e modernità, o Tre grandi scimmie (1970), racconti in cui l’autrice rivendica il suo impegno femminista ritraendo senza compromessi una società patriarcale. Infine il fascio dei suoi ricordi d’infanzia, splendidamente intrecciati nei frammenti di Spille da balia (1980), offre in uno stile essenziale uno spaccato poetico e documentario del Ruanda e della Svizzera degli anni Trenta. Al di là di questo, non resta nulla. 

Il fondo Esther-Montandon contiene solo il materiale relativo alla sua attività a partire dai primi anni Sessanta. Tutto ciò che precede – quaderni, bozze, manoscritti, progetti in corso, come attesta la sua corrispondenza – è scomparso nell’autodafé che l’autrice ha compiuto in seguito alla morte accidentale di sua figlia Louise, il 3 aprile 1960. Di questa tragedia, che inaugura dieci anni di silenzio editoriale nella sua vita, non si trova traccia né in Tre grandi scimmie, né in Spille da balia. Esther Montandon non ha mai scritto della perdita di sua figlia. O almeno questo è quanto si è creduto a lungo. 

Come descrivere dunque la mia emozione quando una mattina dell’inverno del 2013, mettendo ordine nelle scatole che mi aveva affidato, scopro una cartella etichettata “fatture” – cartella che ho dovuto maneggiare almeno venti volte senza mai aprirla – contenente un piccolo fascicolo manoscritto.

 Ed è tutto lì, miracolosamente conservato. 

Non si tratta di un romanzo, nemmeno di un libro finito, ma di una raccolta di impressioni, fatti, pensieri e ricordi. Una piccola sociologia del lutto. Si potrà criticare la sopravvivenza di questo manoscritto. Esther Montandon voleva che mettessimo le mani su questi scritti intimi? 

In ogni caso, l’analisi dei frammenti mostra che la redazione è probabilmente avvenuta tra l’inizio del 1956 (Louise è nata il 4 ottobre) e i due anni successivi alla sua morte, occorsa il 3 aprile 1960. Siccome i fogli non erano numerati o datati, sono stati distribuiti per la presente edizione in un ordine pensato per facilitarne la lettura. Come di norma, ogni menzione tra parentesi quadra non è dell’autrice. 

In Vivere vicino ai tigli – il titolo non è stato scelto da Esther Montandon ma viene da un frammento chiave – la narrazione oscilla tra passato e presente, senza che sia possibile stabilire con certezza quali episodi siano stati scritti sul momento e quali a posteriori. Poco importa la precisione della cronologia. Esther sembra del resto attraversare quei momenti come a tastoni tra la nebbia, aprendosi un varco in mezzo a un dedalo di riflessioni personali e di esigenze sociali. 

C’è forse un modo di accogliere qualcos’altro che non sia il proprio io in una perdita così irreparabile? I rapporti di Esther con Jacques, suo marito, già contrassegnati dalla difficoltà di avere un bambino, saranno minati dal dramma. Eppure, nonostante le divergenze (la coppia si separa negli anni Settanta), il divorzio non sarà mai pronunciato. Il rispetto ha preso il posto dell’amore. 

All’autrice non è stato risparmiato nulla. Non si deve però per questo trarre la conclusione che la gioia sia assente da queste pagine. Fedele a lei stessa e nonostante la ferita, Esther Montandon modula con pazienza, e ostinazione, un dolore che è soltanto suo. Decisamente tragico e eternamente felice, trasfigurato nella scrittura, il ricordo di Louise s’iscrive ormai a pieno titolo nella letteratura. 

Vincent König 

Depositario degli archivi

Esther Montandon

Published October 10, 2022
© Società editrice fiorentina 2021


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