Barbe Rousse

Written in French by Noëlle Revaz

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Il était une fois une jeune femme qui avaite une barbe. On l’appelait Barbe Rousse. Sa chevelure et ses poils étaient de la couleur des écureuils. Au cours des ans elle s’était peu à peu retirée de la ville et elle avait pris l’habitude de s’endormir dans les bois. Le voisinage des animaux lui semblait préférable aux moqueries des humains.
La vie dans la forêt n’était pas douce. Mais Barbe Rousse s’était faite aux nuits de gel et de pluie. Elle avait apprivoisé les frimas et sa peau était devenue aussi dure et fendue qu’une écorce. Elle se vêtait de lichens, elle se nourrissait de proies. Elle s’abreuvait dans des creux de boue. Les enfants et les familles qui venaient dans ces bois s’enfuyaient à sa vue, tout comme les cerfs et les biches. À force de traîner dans les arbres, ses cheveux et sa barbe s’étaient mis à suivre le rythme des saisons : d’une teinte sombre en été, ils flamboyaient en automne. L’hiver la voyait chauve et dégarnie. Le printemps ramenait une toison fournie sur sa tête et sur son menton. Contrairement à son extérieur, le cœur de Barbe Rousse ne s’était pas endurci et elle continuait à s’émerveiller des levers de soleil entre les troncs, de l’odeur feutrée des fougères et de l’ardeur incessante des renards et des insectes. Elle n’avait pas de compagnon. Il n’y avait que la solitude à ses côtés, avec laquelle elle était obligée de vivre. Pour l’apprivoiser, elle dessinait sa forme sur les routes avec une branche. Cette forme peu à peu prit un nom : Barbe Noire.
Barbe Noire était comme une sœur qui ne veut pas montrer son visage. Elle était capricieuse et désagréable. Barbe Rousse la sentait remuer à côté d’elle sur les feuilles. Elle arpentait derrière elle les taillis, à la recherche de quelque chose pour faire passer le jour. Plusieurs fois Barbe Rousse essaya de la chasser, mais Barbe Noire revenait toujours, parce que sans sa campagne elle ne pouvait pas subsister. Un hiver arriva, plus rigoureux que les autres. Le gel engourdit Barbe Rousse et son esprit se retira très profond en elle. Désormais il lui était plus difficile d’accompagner Barbe Noire dans ses errances. Un matin exceptionnel, la sève la quitta. Elle voulut faire encore un pas, mais ce n’était plus possible. Son cœur ralenti dans sa poitrine battait au rythme des bois. Il ne resta en elle qu’une idée : la vie était d’une seule pièce.
Barbe Noire alla s’installer dans une cabane abandonnée par les forestiers. Son intérieur noir de suie la cachait parfaitement aux yeux des rares promeneurs. Elle n’en sortait que pour venir vagabonder aux alentours du tronc qu’était devenue sa moitié. Barbe Rousse percevait sa présence, mais elle s’était tellement éloignée qu’elle ne songeait même plus à la regarder. Elle sentait les courses et les incertitudes de son ancienne compagne, et à sa manière elle comprenait que Barbe Noire pour elle n’était rien.
La neige tomba, en abondance. Barbe Rousse la sentit pour la première fois sur sa peau. Mais dans son état elle ne pouvait ni frissonner ni s’exclamer de joie. Barbe Noire de son côté peinait à trouver de quoi vivre. Elle vivait des temps pénibles. Le froid la poursuivait pour la mordre à grandes enjambées à travers les arbres et il ne lui laissait pas de paix. Epuisée, elle revint un jour se coucher au pied du tronc de sa jumelle. Elle souhaita attendre là son réveil, son retour. Et quand le printemps envoya des signes et que Barbe Rousse sentit les toisons repousser timidement sur sa tête et que de tous ses membres elle tenta de s’extraire de la torpeur, elle découvrit la forme de sa compagne recroquevillée à ses pieds. Barbe Rousse se pencha pour la secouer. Mais Barbe Noire était morte.

Published December 18, 2023
© Noëlle Revaz

赤髭さん

Written in French by Noëlle Revaz


Translated into Japanese by Kiyoko Ishikawa

昔々、あるところに髭を生やした若い女の人がいました。赤髭さんと呼ばれていました。髪と体毛はリスとおなじ色をしていました。何年かのあいだに、少しずつ街から遠ざかり森のなかで眠るようになりました。人の物笑いの種になるより、動物といっしょにいたほうがよかったからです。

森のなかで暮らすことはたやすくはありません。けれども赤髭さんは霜や雨の降る夜に慣れていきました。氷霧になじんで、ついにはその皮膚は堅くなってひびが入り、樹皮のようになりました。苔を服にして、獲物を捕らえて食糧にしました。土の窪みに顔を近づけて溜まった泥水を飲みました。森にやってきた子どもや家族連れは、その姿を見るなり逃げ出しました。まるで鹿の群れがいっせいに逃げるようにです。森のなかの木々のあいだを動きまわっていたからでしょうか、髪の毛も髭もめぐる季節とともに変わっていきました。夏にはくすんだ色だったのが、秋には燃えあがる炎のように。冬になると髪は抜け落ち、髭もなくなりました。春の訪れとともに頭とあごは再びふさふさの毛で覆われました。見た目とは裏腹に、赤髭さんの心はコチコチの鈍感になったりはしませんでした。木の幹のあいだから見える日の出、心を落ち着かせるシダの匂い、日夜活発に動き回るキツネや昆虫には相変わらずうっとりしました。友だちや仲間はいませんでした。そばにあるのは孤独だけ。孤独と一緒に生きていかねばなりません。それになじむため木の枝を手に取り、小径に自分の姿を描きました。この絵はだんだん、「黒髭さん」という名前をもつようになったのです。

黒髭さんは顔出ししたくない妹みたいなものでした。気まぐれでかわいげのない奴でした。赤髭さんはすぐそばの葉の茂みのなかで、黒髭さんがうごめいているのを感じました。その日の食べものをさがして下草のなかを歩き回れば、背後には黒髭さんがいました。赤髭さんは何度も黒髭さんを追い払おうとしましたが、いつも必ず戻ってきました。というのも、森がなければ黒髭さんは生きられなかったからです。ある年の冬がやってきました。いつもより厳しい冬でした。赤髭さんの体は寒さで麻痺して、彼女の心は自分の奥底に閉ざされてしまいました。それ以来、黒髭さんを一緒に連れ歩くのがだんだんむずかしくなったのです。ある朝のことでした。赤髭さんの樹液がなくなりました。一歩踏み出そうとしましたが、もうできませんでした。胸のなかで動きを弱めていった心臓は、森のリズムで鼓動を刻んでいました。赤髭さんのなかにはもう、一つの考えしかありませんでした。つまり、命は一つのものだけでできていると。

黒髭さんは森林警備隊がかつて使っていた小屋に身を寄せました。なかは煤でまっ黒で、たまに通りかかる人がいても誰かいるとは気づきません。彼女が出歩くのは、いまや自分の半分となった木の幹の周りをうろうろする時だけでした。赤髭さんは誰かの気配を感じはしましたが、黒髭さんはあまりにも離れたところにいたので、赤髭さんは自分が見ているのは黒髭さんだとは思いつきもしなかったのです。かつての連れが出歩いていること、日々不安を感じていることは気づいていたのですが、黒髭なんて自分にとっては何でもない、と納得していたのです。

雪がたくさん降りました。赤髭さんは初めて雪を肌で感じました。けれども彼女の姿では、身震いすることも喜びで声をあげることもできませんでした。一方、黒髭さんは食べるものを探すのに苦労していました。つらい日々を過ごしていたのです。寒気は黒髭さんに噛みつこうと木々のあいだを大股で追いかけてくるので、心安らぐ時がありませんでした。疲れ果てたある日、双子の姉である木の幹のところへやってきて、そこで眠りました。姉が目を覚まし、元どおりになるのを待ちました。そして春の兆しがちらほら訪れ、赤髭さんは頭に毛がおずおずと生えだすのを感じ、体全体で麻痺状態から抜け出そうとした時、すぐ下に自分の片割れが縮こまっているのを発見しました。赤髭さんは身をかがめて妹を揺さぶりました。けれども、黒髭さんは死んでいたのです。

Published December 18, 2023
© Specimen


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