1
Die Mutter des Dichters sprach:
“Ach mein Sohn…
Möge Gott die Armut vernichten!
Ich besitze keine Geldscheine
um Tinte zu besorgen
und dein Vater
hinterliess nichts als die Feder einer Wildente.„

2
Mit der Feder schrieb der Dichter kostbarste Gedichte
und die Mutter notierte sie inbrünstig
mit der Tinte volkstümlicher Erinnerung
bis sie in den Ohren des Palastes hallten
und der Herrscher dieses Urteil fällte:
“Wir haben beschlossen:
Die Armut wird hingerichtet.
Und wir haben beschlossen:
Der Dichter erhält goldene Schreibstifte
silberne Tintenfässer
rosarote Notizhefte
und auch einen Bündel Geldscheine.„

3
Der Dichter wurde Mitglied im Korps des Palastes
nach dem Abdruck seines Gedichtbandes fand eine Ehrenfeier statt
Die renommierten Kritiker rückten ihre Brillen zurecht und lobten
unaufhörlich und in den höchsten Tönen seine prophetischen Betrachtungen
Bis sich ganz hinten im Saal eine Frau erhob
und sich alle Ohren auf ihre Lippen richteten
Es lauschte gar die Stille
dem Atem des Festbesucher und hörte nicht auf, bis
der Dichter ins Ohr des Zeremonienmeisters flüsterte:
“Bitte! Führt das Saalmikrophon an ihre Lippen.
Diese Frau, ich erkenne ihr Gesicht an ihren Augen –
Seit langem. Doch das Vergessen ist stummes Delirium.„

4
Die Frau steht aufrecht
Ihre freudlosen Lippen
nah am Mikrophon ruft sie:
“Ich bin die Mutter des Dichters…
Und der Dichter ist tot, zermahlen durch die Zähne der Macht.„
Was für ein Absturz
Gott verfluchte die Prostitution!
Mit der Feder der Ente
schrieb er goldene Gedichte
Doch mit dem goldenen Stift
schrieb er
nichts
als die Worte einer Ente.

1
La mère du poète a dit :
« Mon fils
Que Dieu éradique la pauvreté !
Je ne possède pas de billets de banque
Pour t’acheter de l’encre
Et ton père hélas
Ne nous a légué qu’une plume de canard sauvage. »

2
Avec cette plume, le poète a pu écrire la poésie la plus fastueuse
Et la mère a consigné cette colère à l’encre de la mémoire populaire,
A tel point qu’elle est parvenue aux oreilles du Palais
Conduisant le prince à promulguer le décret suivant :
« Nous déclarons octroyer au poète des calames en or
Des encriers en argent
Des cahiers roses
Et pour finir, une liasse de billets de banque ! »

3
Le poète est entré à la cour du Palais
Une cérémonie s’est tenue en son honneur après l’impression de son recueil de poésie
Les critiques distingués avaient les yeux fixés sur lui, et rendaient hommage
Sans discontinuer à son regard prophétique.
Jusqu’au moment où du fond de la salle une femme s’est levée
Faisant converger vers ses lèvres toutes les oreilles présentes
Même le silence lui-même s’est fi… gé dans l’écoute
Des souffles des participants à la fête
Il n’a été brisé que par le ces mots chuchotés par le poète au maître de cérémonie :
« Je vous en prie ! Approchez donc le micro-salle de ses lèvres…
Cette femme, je la connais
(d’ailleurs je reconnais le visage des femmes à leurs yeux)
depuis fort longtemps
mais l’oubli est muet comme le Diable.

4
Et voici la femme debout
Ses lèvres sont entrouvertes sur un sourire joyeux
Au microphone elle s’écrie
« C’est moi la mère du poète…
Et je déclare que le poète est un dentifrice
qui est mort broyé par les dents du pouvoir
Ce dernier l’a corrompu
Dieu maudisse la prostitution
Avec la plume de canard,
Il écrivait des poésies d’orfèvre
Alors qu’avec le calame en or
Il
N’a
Rien
Écrit
Sinon…
Des mots de canard.